Gogo2GoGo Penguin©Monte Carlo SBM/Philip Ducap©2015Les « Fab Three » de Manchester ont présenté vendredi soir au public de l’Opéra Garnier, pour la seconde soirée du Monte-Carlo Jazz Festival, un jazz « frappé » entre modernité et classicisme.

Collectif originaire de cette cité du nord de l’Angleterre, rendue célèbre grâce à ses deux clubs de football, GoGo PenguinChris Illingworth (piano), Nick Blacka (contrebasse) et Rob Turner (batterie) – pratique une forme de jazz, à la fois climatique, atmosphérique et parfois imprévisible dans sa conception structurelle. Le tout surtout ponctué par un pianiste énergique qui, plutôt que d’effleurer et caresser amoureusement les touches, les frappe du bout des doigts. Une façon de rappeler que le piano est aussi un instrument à percussion ! Ce qui frappe justement, c’est la très grande complicité, l’homogénéité et l’osmose qui se dégagent de ce trio qui sait parfaitement partager et communiquer avec le public. Pour cela, les trois musiciens, d’une moyenne d’âge de 25 ans environ, ont une formule magique : la mélodie alliée à l’harmonie. Deux gages d’excellence qu’ils sont allés puiser essentiellement dans les compositions originales de leur nouvel album,  " Man Made Object  " (Decca/Universal), dont la sortie officielle est prévue pour février 2016. Des morceaux étonnants, avec de multiples changements de rythmes en marge, qui offrent à chacun des « solistes » l’opportunité de démontrer sa technique, sa virtuosité et son inventivité. J’ai totalement adhéré et suis tombé sous le charme de ce jazz du XXIè siècle vivace, créatif et possédant une réelle fraîcheur stylistique. Une musique qui respire la vie !

Le patchwork musical de Selah Sue
En solo, simplement accompagnée d’une guitare acoustique –  " pour commencer doucement " - puis en duo avec son claviériste, avant d’être rejointe par son « amazing band », la chanteuse Selah Sue, en seconde partie de cette soirée, a délivré au public un réel patchwork de ses capacités vocales et de sa musique. Originaire de Belgique, s’exprimant en anglais avec un timbre de voix légèrement voilé, la jeune femme puise dans les fondamentaux de la musique afro-américaine moderne – funk, soul, hip-hop, rap – du rock, de la pop, voire du folk, les bases de sa musique forcément éclectique. Une brassée de rythmes funky qui ont fait danser en fin de concert l’élégant public monégasque, touché par la grâce de cette « cousine » des meilleures reines du R&B US.