Rhoda Scott Lady Quartet crédit photo Philippe MarchinUne fois n'est pas coutume, les rares femmes instrumentistes dans le jazz prennent le pas sur les chanteuses. Cependant parfois, elles aussi ne peuvent pas s'empêcher de pousser la chansonnette !

Arrivée à Paris voici un demi-siècle pour y étudier avec Nadia Boulanger, Rhoda Scott n'a jamais quitté la capitale depuis.

Surnommée l'"organiste aux pieds nus", elle y a fait sensation et surtout une brillante carrière, notamment dans les nombreux clubs où elle s'est produite à la tête de différentes formations. Depuis une dizaine d'années, elle dirige un groupe exclusivement féminin baptisé "Lady Quartet", composé de Sophie Alour et Lisa Cat-Berro (saxes) et Julie Saury (batterie), la fille du clarinettiste Maxim Saury. Augmenté de quelques invités - Géraldine Laurent (saxe-alto), Anne Paceo (batterie) et... un homme (!), Julien Alour (trompette), frère de Sophie, l'organiste Hammond, âgée aujourd'hui de 78 ans, vient d'enregistrer "We Free Queens", pour le label du club Sunside-Sunset (L'Autre Distribution), l'un des clubs de la fameuse "52nd Street" (52è rue) de Paris, dont le propriétaire est Stéphane Portet.

Un album qui fait référence à "We Free Kings" de Rahsaan Roland Kirk (enregistré en1961), mais qui est avant tout une démonstration d'un groove hyper chaleureux, d'un swing omniprésent et communicatif et d'une énergie débordante et foisonnante. Avec au programme des thèmes originaux et de magnifiques reprises de Wayne Shorter, Ray Charles ("What I'd Say") et "Que reste-t-il de nos amours ?". Absolument jubilatoire ! (Le groupe sera en concert le 16 mars au New Morning à Paris).

"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années". Cette citation de Pierre Corneille s'adapte parfaitement à la toute jeune Andrea Motis.Andrea Motis carlosperica

En effet, à 21 ans, la trompettiste (et chanteuse !) originaire de Barcelone, découverte par le contrebassiste Joan Chamorro, vient de signer "Emotional Dance", son premier CD en leader pour le célèbre label américain Impulse ! (Universal). Quatorze titres en tout, dont une bonne part de standards de jazz (Cole Porter, Horace Silver, Johnny Mercer), des clins d'œil au Brésil (Antonio Carlos Jobim) et à ses racines catalanes.

Sans oublier des compositions personnelles au nombre de quatre. Un répertoire qui contourne les sentiers battus mais qui laisse un peu trop de place au chant au détriment d'une trompettiste très fortement inspirée par le phrasé de Chet Baker. (Elle sera en concert au Café de la Danse à Paris le 17 mars).


Eliane Elias photo credit bob wolfenson and philppe salomonEliane Elias transpire le Brésil par tous les pores de sa peau.

Et pour cause, la sculpturale pianiste/compositrice (et également chanteuse !) a vu le jour à Sao Paulo voici 56 ans. Installée à New York depuis 1981 où elle rejoint le fameux groupe de jazz fusion de Mike Mainieri (vibraphone), "Steps Ahead", elle s'est forgée une belle réputation en côtoyant des jazzmen comme Randy Brecker (trompette, son mari), Marc Johnson (basse), Herbie Hancock et Toots Thielemans.

Elle est de retour avec "Dance of Time" (Concord/Universal), un CD enregistré au Brésil, comme le précédent, "Made in Brazil", Grammy du "Meilleur album de Latin jazz". Avec au menu la même formule gagnante, les mêmes ingrédients (samba, bossa nova) à la fois épicés, langoureux et ensoleillés. Le tout avec des invités de marque comme son mari et Mike Mainieri. Une belle déclaration d'amour à ses racines (sortie prévue le 24 mars).