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WesMontgomery Photo ©Jean-Pierre Leloir Si le terme "guitariste pour guitaristes" peut - et surtout ! - doit s'appliquer à un instrumentiste en particulier, c'est bien à l'immense et légendaire Wes Montgomery (1925 - 1968).

Héritier direct d'autres maîtres de la six-cordes comme Django Reinhardt et Charlie Christian, il s'impose comme une référence dès le début des années 1960 grâce à sa fréquentation de tout le gratin du jazz d'alors et un disque fondateur de son style si particulier, "The Incredible Guitar of Wes Montgomery" (Riverside - 1960).

Sujet à l'aérophobie, Wes (né John Leslie) Montgomery a cependant attendu d'avoir la quarantaine pour se rendre pour la première fois sur le Vieux continent afin d'y donner une série de concerts.

Une tournée qui a été l'objet de très nombreux enregistrements en direct en raison de la place importante que tenait le guitariste dans l'histoire du jazz, lui qui était considéré comme un instrumentiste majeur, un acteur du bebop ayant développé une technique très personnelle et spectaculaire, basée sur l'utilisation originale du pouce, en lieu et place du médiator. Et qui devait influencer des alter ego comme George Benson, Sacha Distel (eh oui !), Kenny Burrell ou encore John Scofield, Larry Coryell et Pat Metheny.

De toutes ces captations, la plus emblématique demeure celle gravée le 27 mars 1965 par l'ORTF lors du concert donné au Théâtre des Champs-Elysée à Paris.

Cover Wes Montgomery Paris 1965Souvent piratée, elle est proposée officiellement pour la première fois, avec la collaboration de l'INA assortie d'un superbe livret (incluant une interview de son pianiste d'alors, Harold Mabern), comprenant des photos rares de Jean-Pierre Leloir, dans "Wes Montgomery - In Paris, The Definitive ORTF Recording" (2 CD Resonance Records/Bertus).

Accompagné justement de Harold Mabern (piano), Arthur Harper (contrebasse) et Jimmy Lovelace (batterie) - plus un invité de marque sur trois morceaux ("Full House", "'Round Midnight" et "Blues'n'Boogie/West Coast Blues", sur le 2nd CD), le saxophoniste-ténor Johnny Griffin alors installé à Paris - le guitariste enflamme l'assistance et les sens, grâce notamment à sa reprise survoltée d'"Impressions", une composition de John Coltrane.

Pour ces moments historiques d'une exceptionnelle intensité, pour cette leçon de jazz et pour la mémoire d'un Wes Montgomery impérial, ce double CD est un joyau absolument indispensable.

(Photo © Jean-Pierre Leloir)