BB 1004 ILLINOIS JACQUET coverPendant deux décennies, la Grande Parade du Jazz de Nice, à l'initiative du producteur et imprésario américain George Wein - fondateur en 1954 du Newport Jazz Festival - et de son associée française Simone Ginibre, a été le rendez-vous estival incontournable pour tous les amateurs de jazz. Et de concerts mémorables qui commencent à voir le jour.

La Grande Parade du Jazz de Nice, installée dans le magnifique site des arènes de Cimiez sur les hauteurs de la ville, a été, entre 1974 et 1994, un festival qui a vu défiler quasiment tous les jazzmen vivants. Tous styles et toutes générations confondues, elle a aussi été l'occasion de découvrir de nouveaux talents et de graver en direct des moments devenus inoubliables et pour la plupart inédits.

Comme certains de cet été 1978 publiés pour la première fois par le label français Black & Blue (Socadisc).Trois saxophonistes-ténors - dont deux de légende - et deux trompettistes figurent au programme avec comme dénominateur commun, les fondamentaux du swing. Le vrai !

Et en matière de swing, le saxophoniste Jean-Baptiste Illinois Jacquet (1922 - 2004) s'y connaissait. Ancien sideman chez Lionel Hampton, au début des années 1940, avant de rejoindre dans la foulée Cab Calloway puis le fameux JATP et surtout Count Basie (1945 - 1946), le ténor s'est produit à quatre reprises cette année-là accompagné notamment de son alter ego Eddie Davis, de Hank Jones (piano), de Clark Terry (trompette), de JC Heard (batterie) ou Pierre Michelot (contrebasse) pour un véritable "déménagement" musical et des échanges fructueux chargés d'une réelle intensité. Une vraie leçon de swing avec un fort accent texan !

BB 1006 EDDIE DAVIS coverUne leçon que l'on retrouve avec Eddie "Lockjaw" Davis (1922 - 1986), également partenaire chez Count Basie à plusieurs reprises dans les années 1950 et 1960. A Nice, à la tête de diverses formations interchangeables où figurent Hank Jones, Roland Hanna (piano), Harry Edison (trompette), Vic Dickenson (trombone) et Major Holley (contrebasse), il met toute la puissance de son souffle chaud à célébrer la mélodie, la fureur et la vitalité de ses improvisations.

Secondé par plusieurs rythmiques talentueuses (avec Jo Jones, batterie et l'inusable Hank Jones, Pierre Michelot), le saxophoniste français Guy Lafitte (1927 - 1998), portait lui-aussi très haut la marque du swing et son amour pour Coleman Hawkins. Le redécouvrir sur des standards aux tempos variés (et deux compositions de Duke Ellington), voire pour des échanges en tandem avec Illinois Jacquet, est un régal pour les oreilles.

Parmi les autres perles rares d'une année magnifique figurent deux trompettistes : Harry Edison et Jonah Jones.

BB 1007 HARRY EDISON coverLe nom de Harry "Sweets" Edison (1915 - 1999) a été longtemps associé au grand orchestre de Count Basie (entre 1938 et 1950), avant de s'installer sur la West Coast et devenir un brillant musicien de studio recherché. Mais en ce millésime 1978 à Nice, accompagné de merveilleux anciens de chez Count - Eddie Davis et Illinois Jacquet - de l'omniprésent Hank Jones, voire de Guy Lafitte, il met le feu aux poudres avec un jeu d'une rare fougue. Le tout couplé à une sonorité très mainstream éclatante.

En débarquant à Nice en cette années, le trop méconnu Jonah Jones (1909 - 2000) est affublé d'un surnom : "King Louis II" (le roi Louis Armstrong, le second). Pour cet ancien de chez Cab Calloway, Fletcher Henderson ou Benny Carter, c'est plus la reconnaissance de son jeu incisif et souvent inspiré qu'une simple moquerie. Il suffit de l'écouter avec attention lors de ses six interventions pour se rendre compte à quel point, si la sonorité Louis Armstrong lui sied parfaitement, il développe un phrasé très personnel, plein de subtilités.